La redistribution des cartes

On est désormais loin de ces CAN féminines où l’on pouvait deviner le podium final dès le coup d’envoi. Où l’ultra-dominateur Nigeria
était la miss tandis que le Cameroun, l’Afrique du Sud et le Ghana se partageaient à leur guise les places de dauphines. La récente CAN au Maroc apparaît comme un tournant dans l’évolution du football féminin en Afrique. Les lignes bougent un peu partout sur le continent. D’importants investissements ont été consentis et un important travail à la base a été effectué.
Le Maroc par exemple, finaliste de la CAN organisée sur son sol, se positionne clairement comme une potentielle puissance émergente. Au-delà du fait d’évoluer à
domicile, les Marocaines ont proposé un jeu plaisant tout au long des trois semaines de compétition. Le jeu direct résolument tourné vers l’offensive et l’habileté à sortir les ballons depuis la défense au moyen de courtes passes ont été observés. L’équipe bénéficie de l’expertise du Français Reynald Pedros sur le banc de touche. Le technicien de 50 ans, meilleur entraîneur féminin de l’année 2018, double vainqueur de la Ligue des champions féminine de l’Uefa (2018, 2019) et du championnat de France (2018, 2019), est en poste depuis novembre 2020.
En presque deux ans, il a su bâtir une équipe plaisante reposant sur l’ossature et les automatismes entre les joueuses évoluant au sein de l’AS FAR de Rabat. Le club s’est classé troisième de la première Ligue des champions féminine de la CAF l’an dernier.
La Zambie, troisième, ne cesse également de progresser. Les Cooper Queen ont une fois de plus tenu tête aux cadors africains. Elles ont contraint le Cameroun au partage des points (0-0) durant le premier tour. Elles ont été battus (0-1) in extremis par l’Afrique du Sud en ½ finale sur une décision très controversée de l’arbitre centrale. Et pour terminer en beauté, elles ont dominé (1-0) le Nigeria au match de classement. Ces deux dernières années, la Zambie s’est qualifiée puis a participé aux Jeux Olympiques Tokyo 2020. Bruce Mwape, sélectionneur depuis 2018 assure le suivi des joueuses poursuivant leur processus de maturation. Sans son attaquante vedette, la très redoutée Barbra Banda, écartée pour raisons médicales à quelques heures du lancement de la CAN, il a tiré le meilleur de ses joueuses.
Des filles au sens de gravité bas faisant preuve d’explosivité dans les 30 derniers mètres adverses. Se frottant régulièrement aux meilleures équipes du continent, la Zambie ne cesse de croître avec sa base avec de joueuses évoluant pour la plupart dans le championnat local. Avec un succès moindre d’autres
équipes ont montré de belles prédispositions pour l’avenir. Le Sénégal, la Tunisie ont atteint le top 8 en affichant d’un côté de la rigueur défensive et de l’autre de belles individualités. Il en est de même de la surprenante équipe du Botswana. Avec des joueuses majoritairement âgées de moins de 25 ans, les Mares ont séduit dans leur apprentissage. Pour sa première participation, le Botswana a quitté le Maroc avec de grandes leçons pour l’avenir■

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